#5 Verre plein je te vide, verre vide je te plains!
J'ai testé: "Les 24h du Mans -1"
Puisque désormais je remonte avec joie sur le Z de mon motard, et que maintenant on habite ensemble (ouais c'était pas gagné avec le T-shirt darladirladada et tout mais bon, à 25 piges fallait bien que je me case), on décide de se faire un week-end entier dédié à la moto. On va aller aux "24 heurs du Mans" voir des tas de trucs génialissimes:
- course de 24h (j'explique pour les autres blondes),
- stunt (figures à moto genre roue arrière – mais faites par des pros, pas par des inconscients en T-shirt le vendredi soir dans les zones industrielles…)
- boutiques…
Ca promet d'être sympa, entre le trajet Sud-Ouest parisien / Le Mans et le spectacle là-bas!
Je suis trop contente et mets à peine 3h à faire mon sac (riquiqui) en n'emportant que les strict nécessaire, ou presque. Le sac pèse quand même quelques kilos, et je le trouve déjà lourd en le posant sur mon dos. Vaguement, je me dis qu'au bout de 3 plombes ça risque d'être la loose, mais bien vite je rebascule en mode pensée positive ("Ouaaaais!!")
On est partis! Trop bien cette virée à deux en amoureux, c'est la première fois qu'on part aussi loin à moto…
Et là, je découvre que lors d'un long, très long trajet à moto, t'as intérêt à être en phase avec ton moi profond, parce que 3h en tête à tête avec toi-même… Ben tu peux vite te faire chier! Et pas moyen de mettre la radio, de raconter des blagues pourries, de lire un bouquin, de jouer à la game-boy (quoi, "ça existe pu!"), de râler parce qu'il fait chaud, 'fin de faire n'importe quoi pour détendre l'atmosphère quoi… Quoique tu peux toujours râler parce que t'as trop chaud, y'aura personne pour ouvrir la fenêtre (ben ouais, y a pas de fenêtre).
Je m'occupe donc en me chantant des chansons et en jouant à reconnaître les voitures et les motos. Au moindre feu rouge (ben ouais, on n'a pas pris l'autoroute… Je vous ai dit qu'il était radin ou pas?) je noie mon pauvre motard sous un flot de paroles ("T'as vu y a 57 km y avait une maison à droite, trop belle", "P'tain j'ai flippé dans le 4è virage à gauche après Nogent-le-Rotrou!", "J'ai chaud", "J'ai faim", "Tu m'aimes?")
Au bout d'une heure (Arrivée – 2h), j'ai pris conscience que j'avais mal aux pieds à cause des vibrations; à A – 1h30, ma fesse droite m'a lâchement abandonnée, j'ai donc reporté tout mon poids sur la gauche, qui m'a elle lâchée à A – 1h09… Que faire? Pousser sur mes pieds pour soulager mon derrière meurtri? Ouais mais ça fait près d'une heure que mes pauvres petons manquent à l'appel… Tant pis, je reste sur mon cul et je souffre en silence.
T'façon je pourrais hurler ça changerait rien alors…
J'en étais là de mes réflexions (qui a dit "à deux balles"?), quand ô soulagement, mon motard sort de la nationale en suivant un panneau fait main indiquant "relais motard – 24h du Mans". Dieu existe! Et en plus ça fait environ 43 mn que j'ai envie de pisser…
Je me laisse (gracieusement) glisser de ma selle et manque de me gameller, mes jambes ont un peu de mal, elles sont carrément raides!
Après avoir évacué environ 2 litres de flotte, je me sens plus légère, malgré mon dos en charpie (finalement, le sac était trop lourd, j'aurais pas dû emporter autant de trucs), et quand je découvre que le café est gratos j'ai envie de sauter de joie (mais je peux pas, j'ai mal aux pieds!). Mon motard fait la grimace, mais j'm'en fous, je bois un café et je pue de la gueule si je veux, t'avais qu'à me dire que j'aurais le cul en bouillie!
On repart (il a pris le sac à dos sur son ventre, c'est pas trop tôt) et on arrive (enfin) à l'hôtel. Et on repart. Tout de suite. A moto. Pour aller sur le circuit des 24h…
Quand on arrive, on nous dirige vers un parking pour les motos… Waw, j'en ai jamais vu autant regroupées en un seul endroit c'est un truc de dingue! Y a même des nanas qui sont là, sur leur bolide… Purée je les envie elles font trop baroudeuses qui s'y connaissent. Mon statut de SDS me fait tout à coup un peu honte, j'aimerais moi aussi être autre chose qu'une passagère et être active sur la moto… Mais mon motard me fait bien vite oublier tout ça; dans le parking, j'enlève mon casque et je peux (enfin!!) me coller entièrement à son dos, tête sur le côté, yeux fermés (comme dans les films), pendant qu'il lutte pour trouver une place.
Il enchaîne la bête et on se rend à pied vers le circuit… Il est approximativement midi. Je remarque immédiatement que la boisson locale semble être la bière (je comprends pas, c'est pas sobre un motard?). A midi dix, je vois le 3è mec ivre mort depuis notre arrivée…
(à suivre)